Lorsque l’homme adopta la position verticale et que se réduisit son odorat, ce ne fut pas seulement son érotisme anal qui faillit être victime d’une répression organique, mais toute sa sexualité.

Freud, Malaise dans la civilisation, 1930

Contraint de se plier à un modèle esthétique niant les débordements du corps, le mâle du XXIe siècle s’est updaté en mise-à-jour toilettée d’Apollon. Tout juste parfumé, la barbe taillée comme un bosquet, il a été domestiqué en caniche de compétition. Édulcorer son animalité pour faire de son corps une fraise tagada, tel est le prérequis pour faire partie du cercle des honnêtes gens.

Mais dans ce grand carnaval tous ne sont pas logés à la même enseigne, gare à ceux dont la physiologie refuse la soumission ; car la Culture peut aller trop vite pour la Nature, et un corps taillé pour dépecer un mammouth est souvent réticent à l’asepsie qu’on lui impose. Si les industriels des cosmétiques rivalisent en subterfuges pour anesthésier le fauve enragé à coups de crèmes aux nano-particules de soja et de rasoirs dodécalames, un territoire échappe encore à leur contrôle : la sudation du postérieur.

Indécrottable tabou du « vivre ensemble », cette socio-MST que nous appellerons pudiquement le syndrome tacheté frappe sans relâche des hommes qui, par peur du ridicule et de l’exclusion, se terrent dans le silence. Nous souhaitons dire aux lecteurs qui se reconnaîtront qu’ils ne sont plus seuls et que des solutions existent. Nous espérons que cet article alertera la société civile et les pouvoirs publics sur cette maladie muette qui affecte chaque jour la vie de plusieurs millions de personnes dans le monde. Sentiment de d’abandon et de culpalpabilité, tous formulent la même détresse lorsque la tache de sueur se profile sur leur arrière train.

Le syndrome tacheté ?

L’hypersudation du postérieur s’étend sur une zone axiale Nord-Sud partant du sommet du sacrum et filant jusqu’à la région péri-anale. Cette zone de dépression est régulièrement submergée par le débordement de nappes phréatiques instables. Un ruisseau éphémère salé se forme alors, charriant sur son passage des alluvions bactériens pathogènes qui profiteront de la cuvette de macération pour prospérer.

Cet épisode sera à l’origine de la formation d’une tache humide sur le pantalon, particulièrement visible si ce dernier est en tissu léger et de couleur claire. Une fois la crue terminée, l’assèchement du lac acide provoquera dans la plupart des cas une irritation du lit du ruisseau dont il est commun qu’il se craquèle et adopte la morphologie d’un prurit rutilant.

Le syndrome tâcheté, une réalité aux causes multiples

La cause la plus répandue de l’hypersudation des fesses reste avant tout la sédentarité combinée aux fortes chaleurs. Rester en position assise, que ce soit devant la télévision, le métro ou au bureau engendre mécaniquement une élévation de la température du postérieur. Les effets sont démultipliés lorsque le transit intestinal est perturbé par une mauvaise alimentation ; les selles molles mal maîtrisées fermentent dans le rectum et augmentent la température du bas ventre.

La seconde cause, plus sérieuse, est l’hyperidrose. Cette maladie qui toucherait près de 3% de la population en France se manifeste par la sudation excessive et chronique d’une ou plusieurs parties du corps. Ses origines sont dans la majorité des cas liées au stress et à l’angoisse. C’est le cas d’Eric, 37 ans, enseignant d’art plastique dans un grand lycée parisien (le nom a été changé): « le stress me fait suer, se confie-t-il, au niveau des tempes, du front et sur l’arrête du nez, comme de la condensation… c’est dégueulasse, ouais… Dans le métro ça m’arrive souvent et je le vis mal, les cadres ultra-propres me regardent d’un air méfiant, comme si j’étais un terroriste en plein doute avant le passage à l’acte. C’est un cercle vicieux, leur regard méfiant et accusateur me fait encore plus stresser alors je sue davantage. » Particulièrement handicapante lorsqu’elle concerne les mains et le visage, on imagine aisément combien l’hyperhidrose se transforme en cauchemar lorsqu’elle élit domicile dans la raie des fesses.

Des solutions existent : le passage à la selle ou le recours à la posture bipède sont particulièrement prescrits. La tache sur les fesses s’évaporera en quelques minutes mais il convient cependant de rester discret pendant le temps de séchage. « Quand ça me prend j’ai une solution radicale, témoigne Jocelin, hipster-rédacteur dans une agence de communication lyonnaise ci-dessous en pleine sortie. J’arrête tout ce que je fais et je sors, ça aère la zone »

Du kleenex au pantalon sombre en passant par l’argile, chacun fait avec les moyens du bord. Mais pour que la sudation du postérieur ne soit plus synonyme d’exclusion sociale, l’heure est venue de recourir à de nouvelles tactiques. Nous recommandons ainsi l’investissement dans des sous-vêtements techniques spécialisés. Ces derniers permettront de ne pas renoncer à une garde robe claire et légère par peur de l’auréole. L’entreprise DayDry apporte, avec son produit phare le boxer Mister-Dry, un excellent moyen de laisser le corps s’exprimer sans pour autant souffrir de ses conséquences:

« Les sous-vêtements anti-transpiration et anti–irritation de DayDry ont été conçus pour lutter contre les auréoles et les irritations dues à la transpiration excessive du bas du dos et des fesses. Dotés d’une protection technique sur les zones de sudation, les sous-vêtements anti-transpirants offrent un confort et une sécurité absolue contre les désagréments d’une sudation excessive. C’est la solution idéale pour une tenue impeccable en toute circonstance (réunion importante, voyage, mariage…) et pour la gestion d’une transpiration excessive du bas du dos, des fesses et de l’entrejambe. »

Intrigués par ces promesses moelleuses, nous avons voulu en savoir plus:

Notre demande sincère est restée sans réponses pendant de longues semaines. Après plusieurs relances nous avons obtenu un message laconique, nous faisant comprendre qu’il n’était pas de bon ton de plaisanter sur des sujets aussi sérieux.

Raillés par le reste de la société, nous nous demandons pourtant si ce ne sont pas finalement les victimes du syndrome tacheté qui, par le conflit interne entre Nature et Culture qu’ils incarnent, ne sont pas les derniers représentants de l’espèce humaine essayant de survivre dans un monde qui n’est plus le sien. À ces derniers représentants du corps archaïque tant décrié et en attendant l’exosquelette en polyester, nous tenions à leur souhaiter, du fond du cœur, une bonne continuation.

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